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  • Photo du rédacteurMatéo Simoita

Comprendre le fonctionnement d'une loge maçonnique



L'expérience maçonnique permet d'analyser le mode de fonctionnement des loges maçonniques ; je vous propose le fruit de mes réflexions.



Les différents registres


La loge maçonnique est une institution originale que l’on pourrait rattacher au modèle tribal archétypique. On pourrait lui trouver cinq justifications :


A / La loge initiatrice :


Si la loge a une raison d’être n’est-ce pas parce qu’elle seule peut procéder à l’initiation maçonnique ? C’est une lapalissade mais de nombreux auteurs semblent l’oublier !


Tout ce qui s’agrège à ce cérémonial, avant, pendant et après, constitue une part importante du temps consacré aux tenues maçonniques. La volonté initiatique est fondée sur l’idée simple que celles et ceux qui ont été initiés sauront être des initiateurs !


Est-ce qu’il suffit d’avoir un rituel en mains pour se croire initiateur (ou initiatrice) ? Bien sûr que NON !


B / La loge athanor :


Nombreux sont ceux qui pensent que la loge peut être un laboratoire d’idées !  Dans cette perspective, la loge devient un athanor capable de créer un concept, une réforme géniale, une innovation !  Une similitude est faite avec l’atelier opératif où le maçon façonne l’œuvre !

Le risque est que cette idée suscite un certain élitisme de loges plus productrices d’idées que d’autres !


C / La loge « mère » :


La loge, c’est aussi un lieu convivial où il fait bon vivre dans la bonne humeur et la fraternité, au chaud dans un cocooning « maternel » ! On y chante, on y boit et on y mange bien ! On est entre hommes (pour certaines loges) ! Les anciens maternent les nouveaux et tout le monde « il est beau et il est gentil » ! Malheur aux intrus !


D / La loge, miroir de la société ambiante :


La loge répond aussi à un besoin qui émane de la société dans laquelle elle se crée. Elle devient un lieu où se rencontrent des décideurs. Ce fut le cas des premières loges anglaises avec cette émulation intellectuelle de la « Royal society » mais cela peut se retrouver dans l’image folklorique de « la loge de province » où l’on retrouve les petits notables de certains groupes sociaux comme par exemple les loges d’enseignants, de commerçants, etc.  Dans ces loges on retrouve la prise en compte des codes sociaux ! C’est un jeu particulièrement subtil car certains codes sociaux peuvent être en contradiction avec la démarche maçonnique.


E / La Loge "psycho" :


C’est une raison d’être à la fois traditionnelle et contemporaine ! La loge maçonnique c’est aussi un groupe d’êtres humains soumis aux règles de fonctionnement de tous les groupes humains ! Des êtres humains ordinaires avec leurs passions, leurs problèmes et beaucoup de susceptibilités !


Peut-être n’est-il pas inutile de rappeler quatre caractéristiques universelles qui président au fonctionnement des groupes et que l’on retrouve en loge  :

Le groupe se scinde en sous-groupes sur la base d’affinités et d’influences.

Chaque sous-groupe est sous l’autorité d’un leader (ou d’une leader).

Généralement c’est le leader du sous-groupe dominant qui est le leader de la loge.

L’entente et l’harmonie ne sont possibles que si les sous-groupes s’entendent.


Les êtres humains ont un besoin  atavique de se retrouver en groupe pour échanger, se protéger et aussi produire ! La loge peut être le cadre idéal pour permettre de dépasser la condition individuelle.



Les dysfonctionnements des loges maçonniques


Trois principales catégories de dysfonctionnement peuvent être retrouvés  :


  • Un rituel bâclé : c’est une constatation banale de voir que dans de nombreuses loges le rituel pratiqué perd son sens à cause d’une succession d’inattentions et d’erreurs qui font sourire … jaune !

  • Un travail collectif de piètre qualité producteur d’ennui et de lassitude !

  • Une atmosphère de tension et de conflit perpétuel entre des individualités ! Chaque clan est tenté d’utiliser n’importe quel prétexte pour augmenter sa capacité d’influence !



Quels remèdes pour redonner à la loge sa crédibilité ?


Quel que soit le groupe, la correction d’un dysfonctionnement n’est jamais facile car les membres du groupe sont à la fois juges et parties !


On pourrait imaginer qu’une structure obédientielle fédérale offre une solution de conseil à partir d’une analyse réalisée par un « œil » extérieur ! Les obédiences pourraient aussi organiser un cycle de formation de façon sérieuse et professionnelle.


La formation des officiers est aujourd’hui l’élément primordial qui peut permettre de mettre en place les conditions d’une gestion harmonieuse du groupe.


Aujourd’hui, cette formation est quasi-inexistante ! Elle n’a pas encore été conceptualisée et aucun parcours de formation n’existe. Des ouvrages ont été écrits sur les différents offices et ils pourraient être utilisés dans ce cadre.


Pour chaque loge, la formation des officiers devrait être mise en place avant  la prise de postes. Ce devrait être une condition indispensable pour être éligible à un office.


Quelques biais à prendre en compte :


  • La confusion entre les grades et la cohésion du groupe. C’est une erreur fréquente en particulier dans les loges où coexistent des participations aux ateliers dits de « hauts grades »

  • La perte de sens du rituel : cela n’est possible que si un travail d’appropriation permet à chaque membre de la loge de s’intégrer dans une démarche collective cohérente respectueuse de la liberté de conscience de chacun. L’objectif recherché consiste à assurer au rituel sa capacité initiatrice !

  • Le fonctionnement clanique : C’est la tendance naturelle qui s’impose quand on ne veille pas à respecter l’obligation de « jouer collectif ».  Il faut que le collège des officiers soit capable d’analyser le fonctionnement des sous-groupes afin d’éviter les conflits de clans.

  • L’absence d’auto-évaluation :  Elle seule permet à la loge d’anticiper des modifications indispensables pour préserver  la qualité de la réflexion collective !

  • Le recours à l’autosatisfaction : c’est une pratique courante pour permettre aux incompétents de faire bonne figure ! L’autosatisfaction c’est la façon la plus simple de dénier l’existence de dysfonctionnements !


En conclusion


Veiller à la qualité des travaux d'une tenue maçonnique est de la responsabilité du collège des officiers ou des officières !


Malheureusement, celui-ci semble submergé par la tâche et se réfugie souvent dans l'à peu près !


C'est pourtant la meilleure façon d’éviter le découragement et la démission.


C’est aussi la meilleure promotion de la pertinence de la démarche maçonnique ! Enfin c’est l’assurance de voir émerger des sœurs et des frères qui aient dépassé le stade de la recherche du pouvoir et qui puissent concevoir la prise de responsabilités comme une participation au travail collectif !


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