top of page
Odile Griver

Le Tapis /Tableau de LOGE

Dernière mise à jour : 1 août





IL y a de très beaux et surprenants tapis de loge selon les rites, les époques, et les traditions.

Au tout début de mon entrée en maçonnerie, je ne trouvais rien de bien artistique à ce tapis de Loge qui m’est apparu au contraire comme une tentative maladroite de reproduire quelques symboles. Mais ceux que j’ai vus dans mes voyages et au cours de mes lectures pouvaient être de véritables œuvres d’art, avec escalier en colimaçon et représentation des astres éclairant une scène mystérieuse. Il convient, avant d’être happée par le magnétisme de ces tableaux, d’en décoder les symboles et l’utilité. 

Dans certains rites, ce tableau est construit entièrement à la main et il faut complètement l’effacer pour un retour à la vie profane, ce qui lui confère un mystère encore plus grand : c’est à la fois un tableau figuratif et aussi, en lui-même, une composante symbolique forte, et une œuvre d’art vivante, sans cesse renouvelée.


1 -     PETITE HISTOIRE DU TAPIS/TABLEAU DE LOGE


1.1 -    Comprendre les origines


Je relèverais deux origines au moins à ce tableau de Loge.


La première est d’ordre biblique :


« David donna à son fils Salomon le plan du vestibule et de ses bâtiments, des magasins, des chambres hautes, des salles intérieures et de la pièce du propitiatoire… Tout cela est dans un écrit de la main de YHVH, qui m’a fait comprendre tous les travaux de ce plan ». I Chro. 28,11.19


Plus tard, alors que les juifs sont en exil et que le Temple a déjà été détruit 2 fois, Ezéquiel reçoit l’ordre de tracer le plan de Jérusalem et de son Temple. Sa vision s’avère très précise puisqu’il lui est indiqué le nombre de coudées de chaque élément d’architecture.  (Ez. 40). On retrouve cette histoire de coudées dans l’instruction du 2ème grade.

Or le fait qu’un diagramme tracé au sol représente le plan d’un temple n’est pas propre à Israël. On le retrouve par exemple dans le bouddhisme tantrique. La Bible rappelle donc un principe universel né dans l’antiquité, principe selon lequel les diagrammes symboliques sont la simple reproduction, sur une surface plane, du plan du temple construit en trois dimensions.


La seconde est d’ordre opératif.


Avec les invasions barbares à la fin de l'époque carolingienne, l'Europe connaît une véritable catastrophe. Ce qui reste de culture se réfugie dans les couvents. Il est à peu près certain que l'art roman des premières cathédrales est essentiellement l'œuvre de religieux bénédictins, ou du moins animé par eux, à partir du Xème siècle. Ces religieux ont donc développé une double compétence, à la fois ouvriers de la pierre et spécialistes des textes sacrés.


Mais, très rapidement, avec le développement des villes, les Chapitres prennent le relais des couvents et les corporations opératives, formées à peu près exclusivement de laïcs, commencent à apparaître. À l’intérieur de la loge (lieu attenant au bâtiment en construction), mais aussi sur le chantier, de jeunes ouvriers reçoivent secrètement l’apprentissage des maîtres bâtisseurs et des architectes. Cela se fait sous la forme verbale et graphique, car ils ne savent ni lire ni écrire. Puis, ils apprennent le maniement d’outils comme le niveau, le fil à plomb, la planche à tracer, la géométrie…


Le tableau se trouvait tracé à même le sol, au noir, à la chaux ou en « creux » dans la terre. Les maçons opératifs se réunissaient soit dans des lieux publics soit dans l’arrière salle d’une taverne ou l’appartement de l’un des compagnons, le tableau de loge servant à matérialiser le travail, avec son point de départ (on commence à tracer) et son point d’arrivée (on efface tout).


Les siècles passant, ces transmissions à couvert ne se font plus seulement avec des maçons opératifs, mais intègrent des aristocrates, des hommes cultivés, des hommes des Lumières, mais aussi des partisans de causes politiques .


Aux débuts de la maçonnerie spéculative, les Loges pratiquaient une forme de nomadisme et le tableau de Loge permettait, en l’absence de lieu dédié, de transformer tout local en temple (en espace sacré), et de revenir à la vie profane après chaque tenue. (Londres : L’oie et le Grill) . C’est assez intéressant de noter que la FM a construit des espaces sacrés éphémères. Et cela nous dit que le Temple n’est pas contenu dans la construction d’un lieu adapté mais qu’il est construit par nous-mêmes, par les rituels d’ouverture et le groupe que nous formons.


Puis, certaines loges ont fait tracer sur tissu les éléments requis pour le travail.


Le tableau devient alors un « tapis » de loge. On l’appelle tapis de loge, parce qu’au 18ième siècle, il était peint sur un drap que l’on déroulait à même le sol.



1.2 - Comprendre le sens du dévoilement


Qu’il soit tracé au moment de l’ouverture ou dévoilé, le tableau de Loge existe et constitue l’espace du sacré, par la magie de son dévoilement. C’est en effet ce tableau dévoilé qui fait l’espace-temps de la tenue. C’est au moment de son dévoilement que l’espace Loge est consacré, avec l’allumage des chandeliers et les paroles rituelles d’ouverture des travaux..


Dans certains rites , on dévoile le Tableau de loge en même temps que les colonnes Sagesse Force et Beauté sont allumés. L’image est ainsi « éclairée » « révélée » aux SS et FF de l’atelier par une Lumière venue de l’Orient.


Le dévoilement est équivalent au tracé fait à la main : c’est au moment du dévoilement que tous les regards convergent et que tous les FF et SS se tournent vers lui, que la lumière se fait. Le tracé du Tableau fonde donc et tout d’abord, une communauté d’expérience parce que je ne partage son dévoilement qu’avec des initié/e/s comme moi. Le tableau reste caché aux profanes.


Quel est l’effet du dévoilement ? Le dévoilement, c’est d’abord un lever de rideau, c’est un rite théâtralisé, au commencement des travaux, au commencement de la pièce. C’est un moment artistique, un moment sacré que nous allons vivre ensemble.


Delphine Horvilleur disait qu’à son avis, ce n’est pas le regard qui doit être voilé, mais le texte. Ce n’est pas l’objet du désir qui doit être dissimulé, mais le dévoilement m’indique que le Tableau est vierge de tous les autres regards qui se sont posés sur lui antérieurement, et qu’une nouvelle perspective, la mienne, ici et maintenant, est possible. Je sais qu’ensuite tout sera effacé : la pièce de théâtre sera terminée, place à la vie au dehors, dans un autre théâtre, place à ma nouvelle vision, augmentée de ce que j’aurais nourri dans le Temple.


J’ajoute que le dévoilement rend unique la présence du tableau de Loge, à cette tenue, en compagnie de ces SS là, à ce moment-là. C’est ainsi que le tableau devient une œuvre d’art , cad une œuvre unique, surtout parce que s’y attache une aura, une émotion singulière, et que cela créée un espace temps où les âmes communiquent de manière singulière.  La conscience éclaire le monde, c’est aussi un des sens du dévoilement.[1]

 


2 -     L’utilité du Tableau


Si je veux décrire un tapis de Loge, j’y vois d’abord la projection au sol de la représentation de la loge. J’y retrouve les deux colonnes qui flanquent l’entrée, les outils, les deux astres, les fenêtres…. Puis le centre de la loge où se « concentre l’ensemble du volume de la loge. »


Cette image constitue donc une synthèse qui s’organise avec sa propre logique et reste facile à mémoriser. On peut dire que c’est une image mémorielle, dépassant le sens commun profane pour atteindre une forme sacrée, car il n’est plus question ici de bâtir une cathédrale ou autre monument, mais de réaliser le temple intérieur idéal, et de rendre visible l’invisible en soi.



2.1 « Une image vaut mille mots » selon Confucius :


Pour mémoriser et transmettre un vécu initiatique, les francs-maçons utilisent différentes techniques significatives d’un langage secret :

-             Les techniques graphiques de l’image symbolique, du tracé à la craie et au charbon, que l’on efface fin de tenue, dite technique du dévoilement/voilement.

-             Les décors des SS, et de la Loge

-             Une organisation de l’espace, entre intérieur, extérieur, orient, occident, midi, nord, organisation que l’on retrouve sur le Tableau de Loge,

-             Le récit,  le principe des questions/réponses, le langage verbal et non verbal, incompréhensibles au profane

-             Le mime et les mouvements du grade.


Se pourrait-il que, dans le cas des tableaux de Loge , les représentations soient destinées à faciliter la mémorisation des symboles, en fonctionnant comme une sorte d’aide-mémoire ?


Il est souvent dit que les cathédrales servaient de catéchisme pour enseigner la Bible aux illettrés. A l’instar des cathédrales, le tableau de loge est devenu une sorte de catéchisme visuel. Chaque élément prend une signification nouvelle : une pierre représente l’homme, un pilier n’est plus le support d’un édifice mais le maintien de l’action sur le plan moral, l’équerre devient une représentation de la rectitude, le compas représente l’Esprit, la règle est une métaphore de la loi.


Au-delà de cet aspect d’aide-mémoire, le Tableau de Loge reste un élément symbolique fondamental du rite, la marque distinctive de la Loge et son trésor.




2.2 - Un carré long :


Certes le tableau de Loge ne donne pas le plan du Temple.


Mais même s’il n’y a pas de plan distinct, on peut y voir un plan métaphorique, car malgré tous les éléments épars figurant sur le tableau de loge, je comprends – nous comprenons très intuitivement- que ce tableau m’invite à créer un monde à nouveau (pas un monde nouveau, mais un monde à renouveler), d’ordonnancer l’informe pour le rendre plus accessible, plus immédiatement accessible et surtout pour qu’il soit porté à ma vue. Grâce à l’ordre des outils et des concepts, (concepts car il faut bien prendre en compte l’unité, le delta, la voûte céleste où se réfléchit le tableau de Loge, comme un miroir) j’ai les moyens d’imaginer le monde à nouveau qu’il m’est proposé de construire. La force du tableau est de proposer une construction reliante et structurante : je vois des outils, je vois un chemin, des marches, je vois une organisation qui ne doit rien au hasard, une orientation gauche/droite, et occident/orient, nord/sud   , et une dimension -un carré long- donc une construction au nombre d’or , laquelle donnait les proportions idéales de toute œuvre humaine, la proportion divine car harmonieuse.


L’art de bâtir est un art de la représentation mentale du résultat. Même si je ne vois pas de plan à proprement parler, je peux comprendre qu’il existe une topographie sous-jacente au tableau de Loge.

 

Le tableau en 2 dimensions peut aussi être lu comme une mise à plat de l’architecture de la Loge, donc en trois dimensions : le parvis par où accéder au Temple, le centre du Temple, et ce qui est appelé dans la religion juive le Saint des Saints, avec le soleil et la lune .  Irène Mainguy n’hésite pas à rapprocher cette topographie à celle des mandalas bouddhiques qui sont construits en deux dimensions pour être imaginés en relief par les méditants qui les voient se construire. On peut en comprendre que la partie relative à l’Orient renvoie au céleste avec les luminaires : lune, soleil et delta lumineux, la partie basse est d’ordre terrestre et, au milieu, la partie la plus significative est destinée à la réalisation de l’œuvre d’architecture.   C’est d’ailleurs là que l’expert pose l’Etoile, avec le G, nécessaire à l’œuvre d’architecture.

 

De plus la lecture en trois dimensions doit également inclure le sens vertical. Placée sous le fil à plomb, la représentation nous invite, grâce à ce lien avec la transcendance et sans jamais nous écarter de la rectitude de la méthode, à plonger en nous-mêmes pour devenir ce que nous sommes. C’est une méthode d’ordonnancement des plans superposés ayant un centre traversé par un même axe. Il faut relier ce qui est en haut à ce qui est en bas, mais aussi le ciel et la terre, l’esprit et le corps, l’intérieur et l’extérieur, l’inconscient et le conscient, le caché et le visible, la cause et la conséquence, la pensée et la matérialisation, l’inconnu et le connu.




2.3 - La vérité et l’étoile :


C’est l’étoile qui « guide notre chemin, qui nous indique le centre, d’où part la vraie lumière ».

Il est évident que l’étoile qui brille à l’orient, et dans la voûte étoilée, dans l’immensité céleste, l’étoile m’indique un objectif bien plus qu’une route, un idéal bien plus qu’un projet, une immanence bien plus qu’une règle précise. Je ne sais pas par où passer, je ne sais pas où me diriger, ni quelles solutions adopter, je sais simplement que je dois connaitre la lettre G, dont les significations sont multiples, mais qui m’assure que j’aurais une clef pour me diriger.


Le Tableau de Loge, par sa mise en abyme est un miroir du monde céleste accompagné, de manière bienveillante, des clefs pour s’en approcher.


Je rappelle que le mot « temple » désignait le lieu de la contemplation. Les prêtres et les fidèles y « contemplaient » le ciel.

 

Le Tableau de loge est une image mémorielle, un condensé des éléments de langage, témoignant d’une identité et d’une intention commune : construire le Temple, « concrétisées » par l’acte de bâtir un temple, fût-il intérieur. Le signifiant donne au symbole le statut « d’image du monde » au tableau de loge.




3 -     Le tableau, une œuvre d’art ?

Après avoir tenté de dégager le sens de la présence même du tableau de loge et de ses symboles au milieu de la loge, je voudrais maintenant en parler comme d’un objet d’art.

« L’art, écrit Nietzsche, nous est donné pour nous empêcher de mourir de la vérité » (La volonté de puissance)



3.1 - Etre le Temple


Le tableau de loge nous renvoie à l’architecture et à la construction, or je remarque que le nôtre ne représente pas d’architecture réelle si ce n’est de façon très schématique, une porte, d’ailleurs fermée, des colonnes, des fenêtres.


Or même si le tableau de loge dessinait un temple tout entier, cela ne nous dirait pas grand-chose de ce temple.


Car l'œuvre d'art n’est pas un simple miroir du réel, il ouvre un monde qui est celui du sens en général.

Est-ce que le tableau de loge ne nous rendrait pas visible un autre espace, celui,  invisible de l'air ? Est-ce qu’il ne faudrait pas aussi regarder les espaces vides qui se découpent derrière les figures imagées, derrière les outils, derrière les symboles ? Ou alors, mais simultanément, ne faudrait-il pas penser à la terre sur laquelle repose le tableau de loge, la terre qui serait le fondement de l’œuvre de l’homme, la terre qui se referme sur le tableau, sous lui, en souterrain, la terre comme un abime, un précipice ?. Dans l'œuvre de l’artiste, de l’architecte, le matériau vient à l'éclat du paraître, le temple, le bâti, la construction font ressortir la pesanteur de la pierre... Le temple symbolique du tableau de loge est donc ce qui installe un monde et fait venir la terre.


Pour ne pas mourir de la vérité, il faudrait pouvoir en même temps– mais cela semble à première vue impossible – reconnaître cette vérité, et adhérer à l’erreur qui lui est contraire.


Voir la vérité et son contraire, c’est peut-être impossible pour la connaissance elle-même qui veut qu’une chose soit ou vraie ou fausse mais pas les deux à la fois. Mais c’est possible pour l’art, qui est une illusion au service de la vie. L'art s'oppose à l'idée d'un monde vrai mais il montre la vérité des apparences.


Il faut pouvoir voir le temple en tant qu’élément du paysage, de notre paysage intérieur, mais aussi le vide autour du temple, ce que le temple cisèle et ce qu’il cache : air et terre. Et ce d’autant plus que le ciel du temple est la voûte étoilée, le temple que je me donne à voir n’est pas là, mais il est visible en creux, en négatif, dans ce qu’il n’est pas. Et, en même temps que je le vois, dans mes rêves et dans mon imagination,, je vois sa destruction : ce qui m’est donné à voir ce sont les outils de sa reconstruction. Car c’est bien ce que je retiens de ces années de compagnonnage : le temple n’est pas à construire, il est à reconstruire. Le Temple a été détruit, dans la légende comme dans la vie. Je perçois dans le tableau de loge à la fois sa démolition et sa reconstruction.


Pour ne pas en mourir, je vois dans le tableau de loge l’infinie tristesse de la démolition du monde et le puissant optimisme qui m’invite à me retrousser les manches et à recommencer à bâtir. « L'art constitue par excellence le mouvement contraire au nihilisme. » commente Heidegger. Le nihilisme est pourtant un point de passage nécessaire car il fait comprendre que les valeurs n'en sont pas (destruction). Mais l'art est le plus puissant stimulant de la vie. Il ne s'agit pas seulement d'une constatation physiologique : l'art nous donnerait un certain enthousiasme pour la vie : l'art est ce par quoi le devenir devient apparent.



3.2 - Etre son propre créateur


Nietzsche « Un homme qui sent en soi une surabondance de ces vertus d'embellissement, d'occultation et de réinterprétation, cherchera finalement à se décharger encore de ce superflu dans des œuvres d'art ; dans certaines circonstances, tout un peuple fera de même. »


Savoir ce qu'est l'art c'est savoir ce qu'est l'artiste en tant que créateur : c'est dans la mesure où il fait venir quelque chose à l'être que l'artiste est important pour la société tout entière.


L'artiste est ce qui est le plus accessible en nous. C’est un mode de vie et c’est la vie elle-même qui se manifeste comme un devenir.


On peut créer en cuisine, en broderie, en poterie, en taille de la pierre, en écriture…Ceci étant, il ne faut pas confondre le jaillissement créateur, qu’on retrouve d’ailleurs chez chaque enfant avec la création d’une véritable œuvre. L'œuvre a, en effet, une forme, une structure : elle suppose un apprentissage, elle suppose d’accepter les effets du temps, elle suppose d’accepter les erreurs, les failles, les brouillons. Si la terrible vérité à savoir que la non-vérité est la condition de la vie, et si je peux la regarder en face sans mourir, cela ne peut se faire qu’en subordonnant la connaissance à l’art.[2]


Ceci étant, pour tailler ma pierre, apprendre le métier, et approcher de l’art, de l’œuvre, je dois m’y prendre tous les jours donc apprendre en faisant, puis regarder comment font les autres (c’est le sens des voyages). [3]


La taille de la pierre devient connaissance de soi par la connaissance de nos limites (limites d’exercice du tableau) et l’introspection (centre hyperdense du tableau). Elle se fait à la fois individuellement et collectivement, c’est pourquoi le tableau reçoit la vibration de la houppe dentelée et de la corde à nœuds et les lacs d’amour.



3.3 - Devenir le symbole


Deviens ce que tu es -Nietzsche


Je comprends intuitivement, c’est que cette représentation, de moi-même et de mon (notre œuvre ?) c’est que je dois devenir moi-même le symbole, c’est-à-dire le lien, l’autre partie, la partie manquante qui reconstituera le sens de l’énigme.  Être le symbole, c’est accepter de faire évoluer le regard que l’on porte sur la réalité et prendre conscience de son être, du mystère de l’autre et des liens secrets qui m’unissent à mes sœurs et frères ainsi qu’à tous les humains. La lecture du rébus symbolique du Tableau de loge est donc bien aussi une lecture de soi : elle m’engage au symbolisme comme une voie d’accès, un point d’entrée dans une société d’initiés.


C’est, à mon sens, la raison pour laquelle le Tableau de loge est doublement centré : au sein de la loge dans son centre horizontal, et au centre du Temple, dans le sens vertical. C’est la verticale qui résout les conflits du pavé mosaïque, c’est la verticale qui montre l’énergie à utiliser.


Le secret maçonnique est personnel et relatif à nos capacités propres, le secret consiste en une technique d’auto-transformation. Il s’agit de devenir nous-mêmes le Temple, donc l’œuvre d’art. Nous sommes l’architecte et l’œuvre à la fois.


 Odile Grivert

 

[1] Je ne peux construire sans apprendre les rudiments, sans copier, sans imiter. C’est ce qui m’a été demandé dans la phase d’apprentissage des 2 premiers grades et que je dois sans cesse conserver en mémoire.

[1] Tous les regards convergent vers le tableau de loge, toutes les projections se concentrent sur cette représentation énigmatique, le Temple ne peut se construire que collectivement. Car c’est aussi la vocation de l’art : nous rendre la vie collective plus agréable.

NIETZSCHE. « L'art doit surtout et avant tout embellir la vie, nous rendre donc supportables et, si possible, agréables aux autres : cette tâche sous les yeux, il nous modère et nous tient en bride, crée des formes de civilité, lie des êtres sans éducation à des lois de convenance, de propreté, de courtoisie, leur apprend à parler et se taire au bon moment. L'art doit ensuite dissimuler ou réinterpréter toute laideur, chaque trait pénible, horrible, dégoûtant, qui ne cessera de reparaître en dépit de tous les efforts, conformément à l'origine de la nature humaine ; il doit surtout procéder ainsi au sujet des passions, des douleurs et des angoisses de l'âme, il doit, dans la laideur inévitable ou insurmontable, laisser transparaître son côté significatif… »

Cette dernière phrase résume assez bien quelle sera l’action sur nous-même et dans le monde. Penser, vouloir et agir, ici « imagées » sur le Tableau de loge sont les trois phases de la réalisation de soi. 

[2] Je ne peux construire sans apprendre les rudiments, sans copier, sans imiter. C’est ce qui m’a été demandé dans la phase d’apprentissage des 2 premiers grades et que je dois sans cesse conserver en mémoire.

[3] Tous les regards convergent vers le tableau de loge, toutes les projections se concentrent sur cette représentation énigmatique, le Temple ne peut se construire que collectivement. Car c’est aussi la vocation de l’art : nous rendre la vie collective plus agréable.

NIETZSCHE. « L'art doit surtout et avant tout embellir la vie, nous rendre donc supportables et, si possible, agréables aux autres : cette tâche sous les yeux, il nous modère et nous tient en bride, crée des formes de civilité, lie des êtres sans éducation à des lois de convenance, de propreté, de courtoisie, leur apprend à parler et se taire au bon moment. L'art doit ensuite dissimuler ou réinterpréter toute laideur, chaque trait pénible, horrible, dégoûtant, qui ne cessera de reparaître en dépit de tous les efforts, conformément à l'origine de la nature humaine ; il doit surtout procéder ainsi au sujet des passions, des douleurs et des angoisses de l'âme, il doit, dans la laideur inévitable ou insurmontable, laisser transparaître son côté significatif… »

Cette dernière phrase résume assez bien quelle sera l’action sur nous-même et dans le monde. Penser, vouloir et agir, ici « imagées » sur le Tableau de loge sont les trois phases de la réalisation de soi. 




 

 El Tapiz / Cuadro de Logia



Hay tapices de logia muy hermosos y sorprendentes según los ritos, épocas y tradiciones. Al principio de mi entrada en la masonería, no encontraba nada artístico en ese tapiz de Logia que me parecía, por el contrario, un intento torpe de reproducir algunos símbolos. Pero aquellos que he visto en mis viajes y lecturas podían ser verdaderas obras de arte, con escaleras de caracol y representaciones de astros iluminando una escena misteriosa. Antes de ser capturado por el magnetismo de estos cuadros, conviene descifrar sus símbolos y utilidad. En algunos ritos, este cuadro se construye completamente a mano y debe borrarse por completo para un retorno a la vida profana, lo que le confiere un misterio aún mayor: es a la vez un cuadro figurativo y una componente simbólica fuerte y una obra de arte viva que se renueva constantemente.



1. PEQUEÑA HISTORIA DEL TAPIZ/CUADRO DE LOGIA


1.1 Comprender los orígenes


Se pueden identificar al menos dos orígenes de este cuadro de Logia.


El primero es de orden bíblico: "David dio a su hijo Salomón el plano del vestíbulo y de sus edificios, de los almacenes, de las cámaras altas, de las salas interiores y de la habitación del propiciatorio… Todo esto está en un escrito de la mano de YHVH que me hizo comprender todos los trabajos de este plan". I Crónicas 28:11,19. Más tarde, cuando los judíos están en el exilio y el Templo ha sido destruido dos veces, Ezequiel recibe la orden de trazar el plano de Jerusalén y su Templo. Su visión resulta muy precisa, ya que se le indica el número de codos de cada elemento arquitectónico. (Ezequiel 40). Esta historia de codos se encuentra en la instrucción del segundo grado. El hecho de que un diagrama trazado en el suelo represente el plano de un templo no es propio de Israel. Se encuentra, por ejemplo, en el budismo tántrico. La Biblia, por lo tanto, recuerda un principio universal nacido en la antigüedad, según el cual los diagramas simbólicos son la simple reproducción en una superficie plana del plano del templo construido en tres dimensiones.


El segundo origen es de orden operativo. Con las invasiones bárbaras al final de la época carolingia, Europa conoce una verdadera catástrofe. Lo que queda de cultura se refugia en los conventos. Es casi seguro que el arte románico de las primeras catedrales es esencialmente obra de religiosos benedictinos o al menos animado por ellos a partir del siglo X. Estos religiosos desarrollaron una doble competencia: obreros de la piedra y especialistas en textos sagrados. Pero muy rápidamente, con el desarrollo de las ciudades, los Capítulos sustituyen a los conventos y las corporaciones operativas, formadas casi exclusivamente por laicos, comienzan a aparecer. Dentro de la logia (lugar adyacente al edificio en construcción) y en la obra, los jóvenes obreros reciben en secreto la enseñanza de los maestros constructores y arquitectos. Esto se hace de forma verbal y gráfica, ya que no saben leer ni escribir. Luego aprenden el manejo de herramientas como el nivel, la plomada, la plancha de trazar, la geometría... El cuadro se trazaba directamente en el suelo, con cal negra o en "hueco" en la tierra. Los masones operativos se reunían en lugares públicos, en la trastienda de una taberna o en el apartamento de uno de los compañeros, utilizando el cuadro de logia para materializar el trabajo, comenzando a trazar y luego borrándolo todo al final.


Con el paso de los siglos, estas transmisiones secretas ya no se limitan a los masones operativos, sino que también incluyen a aristócratas, hombres cultos, ilustrados y partidarios de causas políticas. Al comienzo de la masonería especulativa, las Logias practicaban una forma de nomadismo y el cuadro de Logia permitía, en ausencia de un lugar dedicado, transformar cualquier espacio en un templo (un espacio sagrado) y volver a la vida profana después de cada tenida. (Londres: El Ganso y el Grifo). Es interesante notar que la FM construía espacios sagrados efímeros. Esto nos dice que el Templo no está contenido en la construcción de un lugar adaptado, sino que lo construimos nosotros mismos mediante los rituales de apertura y el grupo que formamos.


Luego, algunas logias hicieron trazar los elementos requeridos para el trabajo en tela. El cuadro se convirtió entonces en un "tapiz" de logia. Se le llama tapiz de logia porque en el siglo XVIII estaba pintado sobre una tela que se desplegaba en el suelo.


1.2 Comprender el sentido del desvelamiento


Ya sea trazado en el momento de la apertura o desvelado, el cuadro de Logia existe y constituye el espacio de lo sagrado por la magia de su desvelamiento. Es este cuadro desvelado el que crea el espacio-tiempo de la tenida. Es en el momento de su desvelamiento cuando el espacio de la Logia se consagra con el encendido de los candelabros y las palabras rituales de apertura de los trabajos.

En algunos ritos, el Cuadro de Logia se desvela al mismo tiempo que se encienden las columnas Sabiduría, Fuerza y Belleza. La imagen así se "ilumina" y "revela" a las HH y HH del taller por una Luz venida del Oriente.


El desvelamiento es equivalente al trazado hecho a mano: es en el momento del desvelamiento cuando todas las miradas convergen y todos los HH y HH se vuelven hacia él y la luz se hace. El trazado del Cuadro, por lo tanto, funda una comunidad de experiencia porque solo comparto su desvelamiento con iniciados/as como yo. El cuadro permanece oculto a los profanos.


¿Cuál es el efecto del desvelamiento? El desvelamiento es primero una apertura de telón, es un rito teatralizado al comienzo de los trabajos, al inicio de la pieza. Es un momento artístico, un momento sagrado que vamos a vivir juntos.


Delphine Horvilleur decía que, en su opinión, no es la mirada la que debe estar velada sino el texto. No es el objeto del deseo el que debe ser disimulado, sino que el desvelamiento indica que el Cuadro está virgen de todas las demás miradas que se posaron en él anteriormente y que una nueva perspectiva, la mía aquí y ahora, es posible. Sé que después todo será borrado: la obra de teatro habrá terminado, dando paso a la vida exterior, en otro teatro, dando paso a mi nueva visión aumentada por lo que habré nutrido en el Templo.


Añadiría que el desvelamiento hace única la presencia del cuadro de Logia en esa tenida, en compañía de esas HH en ese momento. Es así como el cuadro se convierte en una obra de arte, es decir, una obra única, sobre todo porque se le adhiere un aura, una emoción singular, y esto crea un espacio-tiempo donde las almas se comunican de manera única. La conciencia ilumina el mundo, es también uno de los sentidos del desvelamiento.



2. La utilidad del Cuadro


Si quiero describir un tapiz de Logia, primero veo la proyección en el suelo de la representación de la logia. Encuentro las dos columnas que flanquean la entrada, las herramientas, los dos astros, las ventanas... Luego, el centro de la logia donde se "concentra todo el volumen de la logia".

Esta imagen, por lo tanto, constituye una síntesis que se organiza con su propia lógica y es fácil de memorizar. Se puede decir que es una imagen memorizable que supera el sentido común profano para alcanzar una forma sagrada, ya que aquí no se trata de construir una catedral u otro monumento, sino de realizar el templo interior ideal y hacer visible lo invisible en uno mismo.


2.1 "Una imagen vale más que mil palabras" según Confucio:


Para memorizar y transmitir una experiencia iniciática, los francmasones utilizan diferentes técnicas significativas de un lenguaje secreto:

  • Las técnicas gráficas de la imagen simbólica del trazado con tiza y carbón que se borra al final de la tenida, llamada técnica de desvelamiento/velamiento.

  • Las decoraciones de las HH y de la Logia.

  • Una organización del espacio entre interior/exterior, oriente/occidente, mediodía/norte, organización que se encuentra en el Cuadro de Logia.

  • El relato, el principio de preguntas/respuestas, el lenguaje verbal y no verbal incomprensible para el profano.

  • El mimo y los movimientos del grado.


¿Podría ser que en el caso de los cuadros de Logia, las representaciones estén destinadas a facilitar la memorización de los símbolos funcionando como una especie de ayuda memoria?


Se dice a menudo que las catedrales servían como catecismo para enseñar la Biblia a los analfabetos. Al igual que las catedrales, el cuadro de logia se ha convertido en una especie de catecismo visual. Cada elemento adquiere un nuevo significado: una piedra representa al hombre, un pilar ya no es el soporte de un edificio sino el sostén de la acción en el plano moral, la escuadra se convierte en una representación de la rectitud, el compás representa el Espíritu, la regla es una metáfora de la ley.

Más allá de este aspecto de ayuda memoria, el Cuadro de Logia sigue siendo un elemento simbólico fundamental del rito, la marca distintiva de la Logia y su tesoro.



2.2 Un cuadrado largo:


Ciertamente, el cuadro de Logia no da el plano del Templo. Pero aunque no haya un plano distinto, se puede ver un plano metafórico porque, a pesar de todos los elementos dispersos que figuran en el cuadro de logia, entiendo - entendemos muy intuitivamente - que este cuadro me invita a crear un mundo de nuevo (no un mundo nuevo, sino un mundo a renovar), a ordenar lo informe para hacerlo más accesible, más inmediatamente accesible y, sobre todo, para que esté a la vista. Gracias al orden de las herramientas y los conceptos (conceptos porque hay que tener en cuenta la unidad, el delta, la bóveda celeste donde se refleja el cuadro de Logia como un espejo), tengo los medios para imaginar el mundo nuevamente que se me propone construir. La fuerza del cuadro es proponer una construcción conectante y estructurante: veo herramientas, veo un camino, unos peldaños, veo una organización que no debe nada al azar, una orientación izquierda/derecha, occidente/oriente, norte/sur y una dimensión - un cuadrado largo - por lo tanto una construcción en el número áureo que daba las proporciones ideales de toda obra humana, la proporción divina porque armoniosa.


El arte de construir es un arte de la representación mental del resultado. Aunque no vea un plano propiamente dicho, puedo entender que existe una topografía subyacente al cuadro de Logia.


El cuadro en dos dimensiones también puede leerse como una proyección de la arquitectura de la Logia en tres dimensiones: el atrio por donde se accede al Templo, el centro del Templo y lo que se llama en la religión judía el Santo de los Santos con el sol y la luna. Irène Mainguy no duda en comparar esta topografía con la de los mandalas budistas que se construyen en dos dimensiones para ser imaginados en relieve por los meditantes que los ven construirse. Se puede entender que la parte relativa al Oriente remite a lo celestial con los luminarios: luna, sol y delta luminoso; la parte inferior es de orden terrestre y en el medio la parte más significativa está destinada a la realización de la obra de arquitectura. Es allí donde el experto coloca la Estrella con la G necesaria para la obra de arquitectura.


Además, la lectura en tres dimensiones también debe incluir el sentido vertical. Colocado bajo la plomada, la representación nos invita, gracias a este vínculo con la trascendencia y sin nunca apartarnos de la rectitud del método, a sumergirnos en nosotros mismos para llegar a ser lo que somos. Es un método de ordenación de planos superpuestos que tiene un centro atravesado por un mismo eje. Hay que conectar lo que está arriba con lo que está abajo, pero también el cielo y la tierra, el espíritu y el cuerpo, el interior y el exterior, lo inconsciente y lo consciente, lo oculto y lo visible, la causa y la consecuencia, el pensamiento y la materialización, lo desconocido y lo conocido.



2.3 La verdad y la estrella:


Es la estrella la que "guía nuestro camino, la que nos indica el centro de donde parte la verdadera luz".

Es evidente que la estrella que brilla en el oriente y en la bóveda estrellada en la inmensidad celestial me indica un objetivo mucho más que una ruta, un ideal mucho más que un proyecto, una inmanencia mucho más que una regla precisa. No sé por dónde pasar, no sé hacia dónde dirigirme ni qué soluciones adoptar, solo sé que debo conocer la letra G, cuyas significaciones son múltiples, pero que me asegura que tendré una clave para orientarme.


El Cuadro de Logia, por su mise en abyme, es un espejo del mundo celestial acompañado de manera benévola con las claves para acercarse a él. Recuerdo que la palabra "templo" designaba el lugar de la contemplación. Los sacerdotes y fieles "contemplaban" el cielo.


El Cuadro de logia es una imagen memorizable, un compendio de los elementos del lenguaje que testimonian una identidad y una intención común: construir el Templo "concretado" por el acto de construir un templo, aunque sea interior. El significante otorga al símbolo el estatus de "imagen del mundo" al cuadro de logia.



3. ¿Es el cuadro una obra de arte?


Después de intentar desentrañar el sentido de la presencia misma del cuadro de logia y de sus símbolos en el medio de la logia, quisiera ahora hablar de él como un objeto de arte. "El arte, dice Nietzsche, nos es dado para impedirnos morir de la verdad" (La voluntad de poder).


3.1 Ser el Templo


El cuadro de logia nos remite a la arquitectura y la construcción, pero observo que el nuestro no representa una arquitectura real, excepto de manera muy esquemática: una puerta, por cierto cerrada, columnas, ventanas. Aunque el cuadro de logia dibujara un templo entero, no nos diría mucho de ese templo. Porque la obra de arte no es un simple espejo de la realidad, abre un mundo que es el del sentido en general. ¿No nos haría visible el cuadro de logia otro espacio, el invisible del aire? ¿No deberíamos también mirar los espacios vacíos que se recortan detrás de las figuras imaginadas, detrás de las herramientas, detrás de los símbolos? ¿O no deberíamos pensar también en la tierra sobre la que se apoya el cuadro de logia, la tierra que sería el fundamento de la obra del hombre, la tierra que se cierra sobre el cuadro, bajo él en el subsuelo, la tierra como un abismo, un precipicio? En la obra del artista, del arquitecto, el material se manifiesta en el esplendor del parecer, el templo, la construcción, hacen resaltar el peso de la piedra... El templo simbólico del cuadro de logia es, por lo tanto, lo que instala un mundo y hace que la tierra surja.


Para no morir de la verdad, se debería poder al mismo tiempo, aunque parezca imposible a primera vista, reconocer esa verdad y adherirse al error que le es contrario. Ver la verdad y su contrario puede ser imposible para el conocimiento mismo, que quiere que una cosa sea o verdadera o falsa, pero no ambas a la vez. Pero es posible para el arte, que es una ilusión al servicio de la vida. El arte se opone a la idea de un mundo verdadero, pero muestra la verdad de las apariencias.


Hay que poder ver el templo como un elemento del paisaje de nuestro paisaje interior, pero también el vacío alrededor del templo, lo que el templo esculpe y lo que oculta: aire y tierra. Y esto tanto más cuanto que el cielo del templo es la bóveda estrellada; el templo que me doy a ver no está allí, pero es visible en negativo, en lo que no es. Y al mismo tiempo que lo veo en mis sueños y en mi imaginación, veo su destrucción: lo que se me da a ver son las herramientas de su reconstrucción. Porque es lo que retengo de estos años de compañerismo: el templo no está por construir, está por reconstruir. El Templo ha sido destruido en la leyenda como en la vida. Percibo en el cuadro de logia tanto su demolición como su reconstrucción.


Para no morir de ello, veo en el cuadro de logia la infinita tristeza de la demolición del mundo y el poderoso optimismo que me invita a arremangarme y empezar a construir de nuevo. "El arte constituye por excelencia el movimiento contrario al nihilismo", comenta Heidegger. El nihilismo es, sin embargo, un punto de paso necesario, ya que hace comprender que los valores no lo son (destrucción). Pero el arte es el estimulante más poderoso de la vida. No se trata solo de una constatación fisiológica: el arte nos daría cierto entusiasmo por la vida; el arte es lo que hace que el devenir sea aparente.



3.2 Ser su propio creador


Nietzsche: "Un hombre que siente en sí una sobreabundancia de esas virtudes de embellecimiento, ocultación y reinterpretación, buscará finalmente descargar ese exceso en obras de arte; en ciertas circunstancias, todo un pueblo hará lo mismo."


Saber qué es el arte es saber qué es el artista como creador: es en la medida en que trae algo al ser que el artista es importante para toda la sociedad. El artista es lo más accesible en nosotros. Es un modo de vida y es la vida misma manifestándose como devenir. Se puede crear en la cocina, en el bordado, en la alfarería, en la talla de piedra, en la escritura... Dicho esto, no hay que confundir el estallido creador, que se encuentra también en cada niño, con la creación de una verdadera obra. La obra tiene, de hecho, una forma, una estructura: supone un aprendizaje, supone aceptar los efectos del tiempo, supone aceptar los errores, las fallas, los borradores. Si la terrible verdad, a saber, que la no-verdad es la condición de la vida, y si puedo mirarla de frente sin morir, esto solo puede hacerse subordinando el conocimiento al arte.


Dicho esto, para tallar mi piedra, aprender el oficio y acercarme al arte de la obra, debo hacerlo todos los días, aprender haciendo y luego observar cómo lo hacen los demás (este es el sentido de los viajes). La talla de la piedra se convierte en conocimiento de uno mismo a través del conocimiento de nuestros límites (límites del ejercicio del cuadro) y la introspección (centro hiper denso del cuadro). Se realiza tanto individualmente como colectivamente, por lo que el cuadro recibe la vibración del borde dentado y de la cuerda de nudos y los lazos de amor.



3.3 Convertirse en el símbolo


"Conviértete en lo que eres" - Nietzsche


Intuitivamente entiendo que esta representación de mí mismo y de mi (¿nuestra obra?) es que debo convertirme en el símbolo, es decir, el enlace, la otra parte, la parte faltante que reconstituirá el sentido del enigma. Ser el símbolo es aceptar hacer evolucionar la mirada que se tiene sobre la realidad y tomar conciencia de su ser, del misterio del otro y de los vínculos secretos que me unen a mis hermanas y hermanos, así como a todos los seres humanos. La lectura del acertijo simbólico del Cuadro de Logia es, por lo tanto, también una lectura de uno mismo: me compromete al simbolismo como una vía de acceso, un punto de entrada en una sociedad de iniciados. En mi opinión, esta es la razón por la cual el Cuadro de Logia está doblemente centrado: en el seno de la logia en su centro horizontal y en el centro del Templo en el sentido vertical. Es la vertical la que resuelve los conflictos del mosaico pavimentado, es la vertical la que muestra la energía a utilizar. El secreto masónico es personal y relativo a nuestras capacidades propias; el secreto consiste en una técnica de auto-transformación. Se trata de convertirnos en el Templo, por lo tanto, en la obra de arte. Somos el arquitecto y la obra a la vez.

 

 Odile Grisver

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

The Tapestry / Tracing Board of the Lodge


There are very beautiful and surprising lodge tapestries according to the rites, times, and traditions. At the beginning of my Masonic journey, I did not find anything artistic in the Lodge tapestry, which seemed to me, on the contrary, a clumsy attempt to reproduce some symbols. However, those I have seen in my travels and readings could be true works of art, with spiral staircases and representations of stars illuminating a mysterious scene. Before being captivated by the magnetism of these boards, it is necessary to decode their symbols and utility. In some rites, this board is entirely hand-drawn and must be completely erased for a return to the profane life, which adds to its mystery: it is both a figurative board and a strong symbolic component, a living work of art that is constantly renewed.



1. A BRIEF HISTORY OF THE TAPESTRY / TRACING BOARD OF THE LODGE


1.1 Understanding the origins


At least two origins can be identified for this Lodge board.


The first is biblical: "David gave his son Solomon the plans of the vestibule and its buildings, the treasuries, the upper rooms, the inner rooms, and the place of the mercy seat... All this he made clear by the writing from the hand of YHVH concerning it, all the works of this plan." (1 Chronicles 28:11,19) Later, when the Jews were in exile and the Temple had been destroyed twice, Ezekiel was commanded to draw the plan of Jerusalem and its Temple. His vision was very precise, as he was given the number of cubits for each architectural element. (Ezekiel 40). This story of cubits is found in the instruction of the second degree. The fact that a diagram drawn on the ground represents the plan of a temple is not unique to Israel. It is also found in Tantric Buddhism. The Bible thus recalls a universal principle born in antiquity, according to which symbolic diagrams are simple reproductions on a flat surface of the plan of the temple constructed in three dimensions.


The second origin is operative. With the barbarian invasions at the end of the Carolingian era, Europe experienced a true catastrophe. What remained of culture took refuge in the monasteries. It is almost certain that the Romanesque art of the first cathedrals was essentially the work of Benedictine monks or at least inspired by them from the 10th century. These monks developed a dual competence: stoneworkers and specialists in sacred texts. But very quickly, with the development of cities, Chapters took over from monasteries, and operative guilds, formed almost exclusively of laymen, began to appear. Inside the lodge (an area adjacent to the building under construction) and at the worksite, young workers received secret training from master builders and architects. This was done verbally and graphically, as they could neither read nor write. Then they learned to use tools such as the level, the plumb line, the tracing board, geometry... The board was drawn directly on the ground, with black lime or in "hollows" in the earth. Operative masons met in public places, the back room of a tavern, or the apartment of one of the companions, using the tracing board to materialize the work, starting to trace and then erasing everything at the end.


Over the centuries, these secret transmissions were no longer limited to operative masons but also included aristocrats, cultured men, Enlightenment thinkers, and political partisans. At the beginning of speculative Masonry, Lodges practiced a form of nomadism, and the tracing board allowed any place to be transformed into a temple (a sacred space) and return to the profane life after each meeting. (London: The Goose and Gridiron). It is quite interesting to note that Freemasonry built ephemeral sacred spaces. This tells us that the Temple is not contained in the construction of an adapted place but is built by us through the opening rituals and the group we form.


Then, some lodges began to draw the required elements for work on cloth. The board thus became a "lodge carpet." It is called a lodge carpet because, in the 18th century, it was painted on a sheet that was rolled out on the floor.



1.2 Understanding the meaning of unveiling


Whether drawn at the time of opening or unveiled, the Lodge board exists and constitutes the sacred space through the magic of its unveiling. It is this unveiled board that creates the space-time of the meeting. It is at the moment of its unveiling that the Lodge space is consecrated with the lighting of the candles and the ritual words opening the work.


In some rites, the Lodge board is unveiled at the same time the columns Wisdom, Strength, and Beauty are lit. The image is thus "illuminated" and "revealed" to the Brethren and Sisters of the workshop by a Light coming from the East.


The unveiling is equivalent to the hand-drawn tracing: it is at the moment of unveiling when all eyes converge and all the Brethren and Sisters turn towards it, and the light is made. The tracing of the board, therefore, establishes a community of experience because I only share its unveiling with initiates like me. The board remains hidden from the profane.


What is the effect of the unveiling? The unveiling is first a curtain-raising; it is a theatrical rite at the beginning of the work, at the beginning of the piece. It is an artistic moment, a sacred moment that we will live together.


Delphine Horvilleur said that, in her opinion, it is not the gaze that should be veiled but the text. It is not the object of desire that must be concealed, but the unveiling indicates that the board is free from all other gazes previously placed upon it and that a new perspective, mine here and now, is possible. I know that afterwards, everything will be erased: the play will be over, making way for life outside, in another theater, giving way to my new vision enhanced by what I have nourished in the Temple.


I would add that the unveiling makes the presence of the Lodge board at that meeting unique, in the company of those Sisters at that moment. This is how the board becomes a work of art, a unique work, especially because it carries an aura, a singular emotion, and this creates a space-time where souls communicate in a unique way. Consciousness illuminates the world; this is also one of the meanings of the unveiling.



2. The Utility of the Board


If I want to describe a Lodge carpet, I first see the projection on the ground of the representation of the lodge. I find the two columns flanking the entrance, the tools, the two stars, the windows... Then the center of the lodge where "the entire volume of the lodge is concentrated."


This image, therefore, constitutes a synthesis that organizes itself with its own logic and is easy to memorize. It can be said to be a memorizable image that surpasses the profane common sense to reach a sacred form, as it is no longer about building a cathedral or another monument but about realizing the ideal inner temple and making the invisible visible within oneself.



2.1 "A picture is worth a thousand words" according to Confucius:


To memorize and transmit an initiatic experience, Freemasons use different techniques significant of a secret language:

  • The graphic techniques of the symbolic image traced with chalk and charcoal that is erased at the end of the meeting, called the unveiling/veiling technique.

  • The decorations of the Brethren and the Lodge.

  • An organization of space between interior/exterior, east/west, noon/north, an organization that is found on the Lodge board.

  • The narrative, the principle of questions/answers, verbal and non-verbal language incomprehensible to the profane.

  • The mime and movements of the degree.

Could it be that in the case of the Lodge boards, the representations are intended to facilitate the memorization of symbols by functioning as a kind of mnemonic aid?

It is often said that cathedrals served as catechisms to teach the Bible to the illiterate. Like cathedrals, the Lodge board has become a kind of visual catechism. Each element takes on a new meaning: a stone represents man, a pillar is no longer the support of a building but the maintenance of action on the moral plane, the square becomes a representation of rectitude, the compass represents the Spirit, the rule is a metaphor for the law.

Beyond this mnemonic aspect, the Lodge board remains a fundamental symbolic element of the rite, the distinctive mark of the Lodge, and its treasure.



2.2 A long square:


Certainly, the Lodge board does not give the plan of the Temple. But even if there is no distinct plan, a metaphorical plan can be seen because, despite all the scattered elements on the Lodge board, I understand - we understand very intuitively - that this board invites me to create a world anew (not a new world but a world to renew), to order the formless to make it more accessible, more immediately accessible and, above all, to bring it to my sight. Thanks to the order of the tools and concepts (concepts because the unity, the delta, the celestial vault where the Lodge board is reflected like a mirror must be taken into account), I have the means to imagine the world anew that I am invited to build. The strength of the board is to propose a connecting and structuring construction: I see tools, I see a path, steps, I see an organization that owes nothing to chance, a left/right orientation, west/east, north/south, and a dimension - a long square - therefore a construction in the golden ratio that gave the ideal proportions of all human work, the divine proportion because it is harmonious.


The art of building is an art of mental representation of the result. Even if I do not see a plan per se, I can understand that there is an underlying topography on the Lodge board.


The board in two dimensions can also be read as a projection of the architecture of the Lodge in three dimensions: the forecourt by which one accesses the Temple, the center of the Temple, and what is called in Jewish religion the Holy of Holies with the sun and the moon. Irène Mainguy does not hesitate to compare this topography to that of Buddhist mandalas that are constructed in two dimensions to be imagined in relief by the meditators who see them being built. One can understand that the part relative to the East refers to the celestial with the luminaires: moon, sun, and luminous delta; the lower part is terrestrial, and in the middle, the most significant part is intended for the realization of the work of architecture. It is there that the expert places the Star with the necessary G for the work of architecture.


Furthermore, the three-dimensional reading must also include the vertical sense. Placed under the plumb line, the representation invites us, thanks to this link with transcendence and without ever deviating from the rectitude of the method, to dive into ourselves to become what we are. It is a method of ordering superimposed planes with a center crossed by the same axis. We must connect what is above with what is below, but also the sky and the earth, the spirit and the body, the interior and the exterior, the unconscious and the conscious, the hidden and the visible, the cause and the consequence, the thought and the materialization, the unknown and the known.



2.3 The truth and the star:


It is the star that "guides our path, that shows us the center from which the true light emanates."

It is evident that the star shining in the East and in the starry vault in the celestial vastness indicates to me an objective much more than a route, an ideal much more than a project, an immanence much more than a precise rule. I do not know which way to go, I do not know where to direct myself or what solutions to adopt, I only know that I must know the letter G, whose meanings are multiple, but which assures me that I will have a key to guide me.


The Lodge board, by its mise en abyme, is a mirror of the celestial world kindly accompanied by the keys to approach it. I recall that the word "temple" designated the place of contemplation. Priests and worshippers "contemplated" the sky.


The Lodge board is a memorizable image, a compendium of language elements testifying to an identity and a common intention: to build the Temple "materialized" by the act of building a temple, even if it is an inner one. The signifier gives the symbol the status of an "image of the world" on the Lodge board.



3. Is the board a work of art?


After attempting to understand the meaning of the very presence of the Lodge board and its symbols in the middle of the lodge, I would now like to speak of it as an object of art. "Art, says Nietzsche, is given to us to prevent us from dying of the truth" (The Will to Power).


3.1 Being the Temple


The Lodge board refers us to architecture and construction, but I notice that ours does not represent real architecture, except very schematically: a door, closed by the way, columns, windows. Even if the Lodge board drew an entire temple, it would not tell us much about that temple. Because the work of art is not a simple mirror of reality, it opens a world that is that of meaning in general. Wouldn't the Lodge board make another space visible to us, the invisible space of air? Shouldn't we also look at the empty spaces that are cut out behind the imagined figures, behind the tools, behind the symbols? Or, simultaneously, shouldn't we think of the earth on which the Lodge board rests, the earth that would be the foundation of man's work, the earth that closes over the board, beneath it underground, the earth as an abyss, a precipice? In the work of the artist, the architect, the material comes to the brilliance of appearance, the temple, the building, the construction highlight the weight of the stone... The symbolic temple of the Lodge board is thus what installs a world and makes the earth emerge.


To not die from the truth, one should be able to at the same time – but this seems at first impossible – recognize this truth and adhere to the error that is contrary to it. Seeing the truth and its opposite may be impossible for knowledge itself, which wants a thing to be either true or false, but not both at once. But it is possible for art, which is an illusion in the service of life. Art opposes the idea of a true world but shows the truth of appearances.


One must be able to see the temple as an element of the landscape of our inner landscape, but also the emptiness around the temple, what the temple carves out and what it hides: air and earth. And this even more so because the sky of the temple is the starry vault; the temple that I present to myself is not there, but it is visible in negative, in what it is not. And at the same time that I see it in my dreams and imagination, I see its destruction: what is given to me to see are the tools of its reconstruction. Because this is what I retain from these years of companionship: the temple is not to be built, it is to be rebuilt. The Temple has been destroyed in the legend as in life. I perceive in the Lodge board both its demolition and its reconstruction.


To not die from it, I see in the Lodge board the infinite sadness of the demolition of the world and the powerful optimism that invites me to roll up my sleeves and start building again. "Art is by excellence the movement contrary to nihilism," comments Heidegger. Nihilism is, however, a necessary passage point, as it makes one understand that values are not (destruction). But art is the most powerful stimulant of life. It is not just a physiological observation: art would give us a certain enthusiasm for life; art is what makes becoming apparent.



3.2 Being one's own creator


Nietzsche: "A man who feels in himself an overabundance of those virtues of embellishment, concealment, and reinterpretation will finally seek to unload this surplus into works of art; under certain circumstances, an entire people will do the same."


Knowing what art is is knowing what the artist is as a creator: it is to the extent that he brings something into being that the artist is important for the whole society. The artist is the most accessible in us. It is a way of life, and it is life itself manifesting as becoming. One can create in cooking, embroidery, pottery, stone carving, writing... That said, one must not confuse the creative outburst, which is also found in every child, with the creation of a true work. The work has, in fact, a form, a structure: it supposes an apprenticeship, it supposes accepting the effects of time, it supposes accepting mistakes, flaws, drafts. If the terrible truth, namely, that non-truth is the condition of life, and if I can face it without dying, this can only be done by subordinating knowledge to art.


That said, to carve my stone, learn the trade, and approach the art of the work, I must do it every day, learn by doing and then observe how others do it (this is the meaning of travels). Stone carving becomes self-knowledge through the knowledge of our limits (limits of the exercise of the board) and introspection (hyper-dense center of the board). It is done both individually and collectively, which is why the board receives the vibration of the serrated fringe and the knotted cord and love knots.



3.3 Becoming the symbol


"Become what you are" - Nietzsche


I intuitively understand that this representation of myself and my (our work?) is that I must become the symbol, that is, the link, the other part, the missing part that will reconstitute the meaning of the enigma. Being the symbol means accepting to evolve the gaze one has on reality and becoming aware of one's being, the mystery of the other, and the secret bonds that unite me to my sisters and brothers, as well as to all humans. The reading of the symbolic rebus of the Lodge board is therefore also a reading of oneself: it commits me to symbolism as an access route, a point of entry into a society of initiates. In my opinion, this is the reason why the Lodge board is doubly centered: within the lodge in its horizontal center and at the center of the Temple in the vertical sense. It is the vertical that resolves the conflicts of the checkered pavement; it is the vertical that shows the energy to be used. The Masonic secret is personal and relative to our own capacities; the secret consists of a technique of self-transformation. It is about becoming ourselves the Temple, therefore the work of art. We are both the architect and the work.

 

 Odile Grisver

73 vues0 commentaire

Comments


bottom of page