Manifeste : Laïcité, Fraternité et Fin des Titres de Domination
- Patrick Chambard
- il y a 1 jour
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POUR UNE HUMANITÉ LIBRE DE TOUTE DOMINATION : UNIR LAÏCITÉ ET FRATERNITÉ DANS LES ACTES, PAS SEULEMENT DANS LES DISCOURS.
La laïcité et la fraternité ne sont pas deux valeurs parmi d’autres. Elles forment le socle d’un monde plus juste, plus humain, plus pacifié. L’une protège, l’autre relie. La laïcité garantit à chacun le droit de croire ou de ne pas croire, de penser librement sans craindre d’être jugé ou dominé. Elle offre un espace commun, neutre, dans lequel aucune croyance n’a de privilège. La fraternité, elle, est l’élan du cœur et de la conscience qui reconnaît dans chaque être humain un égal en dignité, un semblable en humanité, quelles que soient ses origines, ses opinions ou sa situation.
Sans laïcité, la fraternité se transforme en favoritisme, réservé à ceux qui partagent notre vision du monde. Et sans fraternité, la laïcité devient un simple cadre juridique, froid, technique, sans âme. Ensemble, elles forment une boussole. Mais une boussole ne suffit pas : encore faut-il marcher dans la direction qu’elle indique.
Or notre monde continue de fonctionner selon des logiques anciennes de domination symbolique. Partout, des titres et des statuts s’érigent en hiérarchies implicites : Monseigneur, Docteur, Professeur, Ingénieur, Directeur, Commandant, Excellence, Président, etc. À cela s’ajoutent décorations, insignes, médailles, grades et honneurs militaires ou civils, comme autant de marques d’un prétendu mérite supérieur. On ne parle plus à des personnes, mais à des fonctions. On se soumet à des apparences de grandeur qui n’ont souvent plus rien à voir avec le service, mais tout à voir avec la domination.
Le problème n’est pas l’existence de rôles, de responsabilités, ou de savoirs spécifiques. Le problème est que ces fonctions sont devenues des identités sociales hiérarchisantes. Elles organisent la société en castes invisibles, nourries par le langage, les institutions, les rituels. Et cela est fondamentalement incompatible avec une véritable fraternité humaine.
Une société juste ne s’élève pas en érigeant des trônes. Elle s’élève quand elle reconnaît que toute fonction n’est qu’un outil, et non un privilège. Qu’aucun grade, aucun titre, aucune médaille ne rend une personne plus digne qu’une autre. Ce n’est pas le Général, c’est un homme. Ce n’est pas le Professeur émérite, c’est un être humain. Ce n’est pas le Directeur, c’est un frère parmi les frères, une sœur parmi les sœurs.
ALORS COMMENT FAIRE POUR QUE CETTE VISION DEVIENNE RÉALITÉ ?
1. Changer notre langage : Refuser d’utiliser les titres pour ériger des barrières. Parler aux personnes, pas aux statuts. Saluer l’humain, pas le rôle.
2. Éduquer à la dignité universelle : Enseigner dès l’enfance que la valeur d’un être humain ne se mesure ni à ses diplômes, ni à son uniforme, ni à ses décorations. Il n’y a pas de supérieurs. Il n’y a que des égaux.
3. Réformer les institutions : Supprimer les privilèges symboliques et matériels attachés aux fonctions. Sortir de la logique des récompenses et des hiérarchies d’apparat. Valoriser le service, non le prestige.
4. Repenser toutes les fonctions comme des services : Que l’enseignant enseigne, que le médecin soigne, que le dirigeant administre… mais sans se croire au-dessus. La fonction doit être au service, pas au sommet.
5. Étendre la laïcité à toutes les sphères : Non seulement aux religions, mais aussi aux pouvoirs économiques, militaires, politiques, intellectuels. Partout où le symbolique devient domination, la laïcité doit rappeler l’égalité.
6. Incarnation individuelle : Être le témoin vivant de cette vision. Parler sans dominer. Travailler sans se croire supérieur. Écouter sans humilier. Être égal, vraiment, dans ses gestes, ses mots, ses choix.
Car la force d’une chaîne n’est jamais celle de son maillon le plus fort. Elle est celle de son maillon le plus faible. Faisons donc en sorte que ce maillon soit aussi fort que les autres. Non pas en écrasant les puissants, mais en élevant les invisibles. En refusant les piédestaux. En partageant savoirs, pouvoirs, responsabilités. En traitant chaque être humain comme la partie essentielle d’un tout.
C’est ainsi que la laïcité devient vivante. C’est ainsi que la fraternité devient réelle. Et c’est ainsi que l’humanité se tient debout.
Patrick Chambard
Président de Fraternité Internationale Laïque
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